Le peuple invisible

jeudi 25 septembre 2008, par Frédéric Towner-Sarault

Les dossiers autochtones sont absents du discours des chefs en campagne électorale. Certains partis ont beau énoncer d’importants principes les concernant, la réalité des Amérindiens est une fois de plus occultée.

Les données d’Élections Canada révèlent que les taux de participation aux élections fédérales diminuent. Les jeunes Canadiens votent peu ; les autochtones encore moins. Selon Élections Canada, moins de la moitié des membres des Premières nations vont aux urnes. L’agence fédérale et l’Assemblée des premières nations tentent de renverser cette tendance difficile à enrayer.

Il faut reconnaître que les partis ne prêtent à peu près pas d’attention aux Amérindiens. À mi-chemin dans cette campagne, les seules mentions des réalités autochtones rapportées dans les médias concernent les propos disgracieux de deux candidats libéraux québécois ayant été obligés de démissionner. Les chefs, eux, ne parlent pas des réalités autochtones.
Ghislain Picard, le chef de l’Assemblée des Premières nations du Québec et du Labrador souhaite rencontrer les leaders des partis fédéraux : « J’aimerais proposer des solutions pour améliorer les conditions de vie déplorables de nos membres ». M. Picard veut discuter des moyens pour améliorer les programmes d’éducation et de financement de logements adéquats dans les réserves ; et offrir de l’aide juridique à ceux qui sont victimes du scandale de l’isolant contenant de la vermiculite. Le chef Picard a aussi des stratégies pour enrayer les problèmes sociaux et permettre à un grand nombre de communautés isolées d’assurer leur approvisionnement en eau potable.

Les leaders amérindiens veulent aussi savoir si le prochain gouvernement modifiera la position du Canada à propos de la déclaration des Nations unies sur les droits des peuples autochtones. Il y a un an le 13 septembre dernier, cette déclaration était adoptée par 144 pays à l’assemblée générale de l’ONU. Le Canada et trois autres pays (États-Unis, Australie et Nouvelle-Zélande) ont voté contre. Elle vise à reconnaître les droits politiques, sociaux, environnementaux et culturels des peuples autochtones du monde entier. Le premier ministre Stephen Harper estime que cette déclaration, dont les négociations ont duré plus de 20 ans, est incompatible avec la Charte des droits et libertés.

Malgré les excuses du gouvernement fédéral en juin concernant les pensionnats autochtones, les conservateurs sont considérés par les Premières nations comme peu sensibles à leurs revendications.

C’est pour cette raison que l’Association des femmes autochtones du Québec recommande à ses membres de s’abstenir aux élections fédérales. À la tête de l’association, Hélène Gabriel indique que malgré les promesses du Parti libéral et du NPD de signer la déclaration de l’ONU, les problèmes sociaux et de santé des communautés autochtones ne se régleront pas du jour au lendemain. Mme Gabriel indique qu’à défaut d’encourager le vote autochtone, elle est d’accord avec la campagne du premier ministre de Terre-Neuve et Labrador. Elle croit que Danny Williams a raison de dire que les conservateurs ne doivent pas prendre le pouvoir à Ottawa. « N’importe qui sauf Harper », dit-elle en reprenant le slogan du premier ministre terre-neuvien.

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