
Après avoir perverti une tailleuse modeste avec la littérature française dans Balzac et la petite tailleuse chinoise, Dai Sijie s’amuse, dans Le Complexe de Di, à déployer un autre interdit dans une Chine en mutation : la psychanalyse. Muo doit trouver une vierge pour le terrible juge Di. Il espère ainsi attiser la pitié du juge pour une amie emprisonnée à la suite de publications de photos interdites. Simple, n’est-ce pas ? Et pourtant…
Il y a la Chine. Des personnages. Et la psychanalyse. Cette Chine époustouflante, campée entre passé et modernité, aux accents parfois mythiques, d’autres fois franchement kafkaïens... Il y a ce train qui sillonne une Chine intouchée par le temps, le marché des femmes de ménage, la salle des livres interdits de la « commission antipublications clandestines » et les parties de mah-yong du juge Di… L’Embaumeuse, puis une rigide représentante de l’État, les Lolos-pilleurs-de-train, Petit-Chemin, la vierge promise et les vertus du concombre de mer. Mais surtout, tout cet arsenal freudien qui ne peut dompter aussi facilement les propres pulsions du disciple de Freud .
Plein d’humour, parfois teinté de cynisme, Le Complexe de Di a le mérite de faire cohabiter deux des courants les plus marquants du XXe siècle : le communisme et la psychanalyse. À lire.