Le 4ème jour du Forum social mondial a été conçu par le Conseil international comme une journée qui devait déboucher sur des actions et une plus grande convergence. Il en a bien été ainsi malgré un programme qui n’était pas construit pour favoriser cela.
La journée du 24 janvier a commencé sans problème car les portes du stade du FSM étaient grandes ouvertes : Kenyans et étrangers ont pu entrer sans difficulté. Le comité organisateur a donc fini par comprendre qu’il ne fallait pas empêcher la participation des Kenyans pour une question d’argent.
Il est nécessaire de faire une précision : le CADTM avait proposé qu’on enregistre tous les participants et qu’ils reçoivent une carte de participant à présenter lors des contôles et cela pour deux raisons : éviter l’entrée de personnes pouvant mettre en danger la sécurité de l’événement et faire en sorte que tous les participants (payant ou non) soient mis sur le même plan. Le fait de porter une carte identifiant le participant aurait permis d’éviter en effet tout sentiment de discrimination entre ceux qui payaient l’entrée et ceux qui ne pouvaient pas payer. Cela aurait été d’autant plus utile que, le 3ème jour, plusieurs Kenyans qui se déplaçaient dans le stade sans carte ont été injustement appréhendés par la police du stade et maintenus en cellule de longues heures malgré les protestations des mouvements sociaux.
Le 4e jour a commencé par des assemblées thématiques convoquées en commun par différents réseaux et parallèlement par une première assemblée préparatoire des mouvements sociaux. Celle-ci, particulièrement fournie, a commencé de manière combative par des chants et des danses sous l’impulsion enthousiasmante de l’imposante délégation sud-africaine.
Toutes les campagnes "dette" ont réalisé une réunion commune dans la seconde partie de la matinée. Très réussie, cette activité autoconvoquée a réuni plus ou moins 300 délégués de tous les continents qui ont adopté, après discussion et amendements, une déclaration ainsi qu’un calendrier d’actions communs.
Parmi les principaux rendez-vous communs, on soulignera l’importance de la mobilisation contre le G8 (début juin 2007, près de Rostock en Allemagne). A cette occasion, se tiendra un contre-sommet de masse à Rostock (on prévoit plus de 100 000 participants) et, parallèlement, le 6e Forum des Peuples au Mali.
Ensuite, du 15 octobre (date du 20e anniversaire de l’assassinat de Thomas Sankara, président du Burkina Faso) au 21 octobre (date de la réunion annuelle du FMI et de la Banque mondiale à Washington) se déroulera une série d’actions nationales et internationales communes.
Sur le temps de midi, les activites du "Parlement du Peuple" ont occupé les salles des luxueux restaurants privés situés à l’intérieur du stade et ont distribué la nourriture aux quelques dizaines d’enfants des quartiers populaires de Nairobi qui les avaient accompagnés. Le "Parlement du Peuple" avait réalisé au cours des trois premiers jours une activité alternative en plein centre ville qui a accueilli plusieurs milliers de participants auxquels se sont joints des délégués des différents mouvements étrangers parmi lesquels le CADTM.
Au début de l’après-midi, 21 assemblées thématiques étaient convoquées par le comité organisateur. A quelques exceptions près, elles n’ont rencontré qu’un succès limité (d’après nos comptages, un peu moins de 1 500 personnes pour l’ensemble des assemblées). Par exemple, l’assemblée thématique sur la dette n’a réuni qu’une quarantaine de participants mais ceux-ci ont approuvé après débat le plan d’action et la déclaration de l’assemblée des campagnes "dette".
La journée s’est poursuivie en fanfare avec l’Assemblée des Mouvements sociaux qui a réuni plus de 2 000 participants alors qu’elle n’était pas annoncée dans le programme officiel et qu’elle avait été convoquée le jour même par la coordination des Mouvements sociaux.
L’Assemblée a adopté une déclaration qui notamment dénonçait la marchandisation du FSM ainsi que le recours à l’armée dans l’enceinte du stade. Dans un climat de grand enthousiasme, se sont succédés une trentaine d’orateurs et oratrices représentent des luttes et des campagnes internationales. Parmi eux, l’intervention d’un leader syndical de Guinée Conakry appelant les participants à se solidariser avec le peuple guinéen en grève générale et victime d’une répression féroce (il y aurait eu plus de 50 morts au cours des 10 derniers jours). Salissou Obandoma, du RNDD Niger (membre du réseau international CADTM), a expliqué la lutte des Nigériens contre les politiques d’ajustement structurel. John More, du mouvement antiguerre aux Etats-Unis, a présenté la déclaration finale des mouvements antiguerre. Une représentante zambienne a présenté la résolution finale de l’assemblée du secteur "santé". Des leaders vénézuéliens, saharaouis, palestiniens, zimbabwéens, kenyans... sont également intervenus. Et l’acteur noir nord-américain, Danny Glover, coproducteur du film "Bamako", aussi !
Cette initiative des mouvements sociaux a permis de terminer la 4e journée dans une ambiance de convergence et dans un sentiment de fraternité qui n’avait malheureusement pas été suffisamment présent jusque là.
Ce 25 janvier, 5e jour du Forum, le CADTM a tenu une réunion de bilan de l’intervention de son réseau international avec la participation d’une quarantaine de délégué(e)s provenant de Pakistan, Inde, Iles Maldives, République démocratique du Congo, Congo-Brazzaville, Angola, Côte d’Ivoire, Bénin, Mali, Niger, Sénégal, Maroc, Tunisie, Haïti, Japon, Kenya, Afrique du Sud, Belgique, France et Suisse.