Il y a quelques années, elles allaient au marigot recueillir les déchets déversés par l’usine de Huicoma, située non loin de là. Elles y ajoutaient alors de la potasse, achetée au marché, et brassaient vigoureusement le très chaud mélange. Aujourd’hui, la donne a changé : peu après la privatisation de l’entreprise, refusant de laisser échapper une occasion de faire un profit, les administrateurs ont décidé de ne plus déverser leurs déchets, mais de les vendre. À 30 000 francs CFA (environ 78$ canadiens) le baril, la rentabilité de la production du savon a fortement diminué. Les femmes se voient donc forcées d’aller acheter des déchets à Bamako, Sikasso et Koulikoro.
Le produit final est vendu à Bamako, à Ségou et dans les villages voisins. Les maigres revenus générés par cette activité ne suffisent pas toujours à acheter le matériel nécessaire. « Nous avons besoin de masques et de gants pour ne pas être brûlées par la potasse ; ne pouvant pas toujours nous protéger correctement, nous buvons beaucoup de lait pour neutraliser ses effets toxiques », fait savoir Bintou Dembele, productrice de savon.
Les femmes du quartier font ce travail depuis 25 ans, mais n’ont toujours pas de local où entreposer le savon. Les bénéfices sont partagés dans la communauté en fonction des besoins de chacun. Le nombre d’enfants en âge d’aller à l’école croît au fil des ans, et ceux dont la situation économique familiale est trop précaire vont dans des centres d’apprentissage. À l’heure actuelle, les femmes gagnent à peine assez d’argent pour vivre. Malgré tout, elles gardent courage et s’efforcent de faire parler de leur travail afin de saisir des opportunités d’expansion. Par le caractère écologique de leur activité et leur ardeur à la tâche, elles constituent un modèle de solidarité et de développement durable.
L’équipe de stagaires Québec Sans Frontières / Amitié Canada-Rwanda :
Laetitia Bagaragaza, Alexandre Kagaba, Lena Le Gall- Diop, Sandra Mutezintare, Marie Solange Nuwayo, Martin Twizerimana, Ida Ujeneza, Natacha Umugwaneza, Victoire Umuhire ont effectué un stage à l’été 2008 avec le Réseau des radios libres Kayira au Mali
Radio Kayira fut créée en 1992 et s’est donnée pour objectif la promotion de la culture nationale dans ses valeurs positives à travers les radios libres. Dès 1993, la première radio a vu le jour à Bamako. Suivirent cinq autres radios en zones rurales, respectivement à Koutiala, Ségou, Koulikoro, Kita et Mahina.
À ce réseau de radios communautaires se sont greffés les Clubs Kayira, composé de jeunes, de femmes et des bénévoles des radios Kayira. Ces clubs sont organisés afin de subvenir aux besoins des populations vulnérables des quartiers défavorisés où les radios Kayira sont accessibles.