La Via Campesina. Une réponse paysanne à la crise alimentaire.
Annette Aurélie Desmarais, éditions Écosociété, 2008, 316 page.
Ce livre parle de la naissance et du développement de l’organisation Via Campesina et du contexte politique et agricole qui l’entoure. L’auteure, qui enseigne à l’Université de Régina, a été conseillère technique auprès de Via Campesina dès sa fondation en 1993 et a pratiqué l’agriculture pendant 14 ans en Saskatchewan.
Via Campesina regroupe des associations de paysans, de femmes du milieu rural, d’ouvriers agricoles et d’autochtones de tous les continents. Au total, 149 organisations de 56 pays en font partie.
La mise sur pied de Via Campesina s’inscrivait dans le cadre de négociations commerciales qui avaient lieu à l’époque, afin de libéraliser l’agriculture. Les paysans du monde entier étaient exclus de ces pourparlers. Ils sentaient alors le besoin de s’organiser à l’échelle internationale pour contrer l’avancée des grandes entreprises agro-industrielles aidées par les tenants du néolibéralisme comme l’Organisation mondiale du commerce.
L’auteure explique bien la marginalisation progressive des agriculteurs. Comme l’affirme une citation du livre, « il y a toujours eu des paysans. Ce qui n’existait pas avant, ce sont les investisseurs, les industriels, les partis politiques ». Les paysans qui contrôlaient tous les aspects de leur production et une bonne partie de leur mise en marché ont été peu à peu dépossédés. Ils dépendent du bon vouloir de multinationales pour les engrais, ils sont attachés à des contrats d’approvisionnement par des distributeurs, leurs semences sont brevetées, etc. Le résultat est que malgré les progrès technologiques les paysans s’appauvrissent.
De là donc la réponse de Via Campesina : défendre une agriculture à visage humain avec le paysan au cœur de la prise de décision. Elle fait la promotion du concept de souveraineté alimentaire qui s’organise autour d’une production vivrière variée ; des prix décents ; une régulation de la production sur le marché intérieur ; une suppression de toutes les aides à l’exportation et le respect de l’environnement.
En ralliant des paysans de toute la planète dans un projet commun, Via Campesina est devenue un acteur important sur la scène internationale. Même si la tâche pour influencer les États demeure énorme, un but fondamental a été atteint : mondialiser une autre vision du monde !