Formellement, la FANJ est une organisation civile, non-gouvernementale, à but non lucratif qui poursuit une mission de promotion de l’agriculture durable et de l’environnement depuis 1994, autant par la pratique de l’agriculture urbaine et de la permaculture [1] que par le souci de conservation de la mémoire collective (musée, bibliothèque, etc.) [2]. La Fondation qui prend racines à La Havane et dont les branches s’étirent sur l’ensemble des provinces de l’Île se présente ainsi comme un véritable arbre de connaissances et de pratiques sur la permaculture.
Outre les organes dirigeants de la fondation qui occupent les fonctions administratives et « scientifiques », ce sont les « promoteurs » qui en constituent la base la plus solide. Ceux-ci sont des producteurs urbains à petite échelle qui louent un lopinde terre appartenant à l’État et qui incitent leur entourage à la pratique de la permaculture.
Alfonso Bernal López est un de ceux-là. Spécialiste de la construction écologique, il est dévoué à la fondation et enseigne aux autres producteurs agricoles urbains ainsi qu’à la communauté ses connaissances dans le domaine.
De son côté, Edith Romero Rodriguez, petit bout de femme énergique dans ce monde constitué principalement d’hommes, tient le jardin Linda Flor, où elle peut y pratiquer sa propre passion devenue aussi sa spécialité, les fleurs ornementales.
Quant à eux, Bebo et Lourdes travaillent, outre à la confection de délicieux jus de fruits frais, à la récupération de déchets organiques réutilisables pour la nourriture animale.
À Sancti Spiritus, petite ville de 135 000 âmes, ils sont 50 comme Alfonso, Bebo, Lourdes et Edith à promouvoir la permaculture par le biais de leur propre champ de compétences.
Stage et jardin
La plupart de ces « promoteurs » ont assisté et prêté main forte lors de l’inauguration, el golpe inicial, d’un projet de jardin de permaculture réalisé en collaboration avec des stagiaires d’Alternatives à l’été 2009. Sur le terrain non aménagé d’Alcides, les montréalais avaient pour mandat de mettre sur pied ce jardin de A à Z.
Chaque semaine, ils ont pu visiter les jardins de ces artisans locaux et en apprendre un peu plus sur leurs « spécialités ». Chacun à leur façon et par le partage de leurs connaissances et leur aide technique, ils ont donc contribué à faire du projetune réussite. Par exemple, grâce à Alfonso et Édith, ils ont inclus une toilette sèche écologique ainsi qu’un espace dédié aux fleurs ornementales au jardin.
Si au tournant des années 1990 l’agriculture urbaine en était une de subsistance à Cuba, elle est devenue aujourd’hui une véritable façon de vivre. Selon Robyn Francis, pionnière Australienne dans le domaine de la permaculture rencontrée à La Havane, la façon de faire cubaine en agriculture urbaine est certainement un des éléments faisant en sorte que Cuba soit l’un des pays ayant la plus faible empreinte écologique sur la planète. Le dynamisme et la solidarité de la FANJ ne sont certainement pas étrangers à ce succès.