La Chinafrique
Serge Michel et Michel Beuret, éditions Grasset & Fasquelle, Paris, 2008, 345 pages.
« En quelques années, la Chine en Afrique est passée de sujet pointu pour les spécialistes en géopolitique à un terme central dans les relations internationales et la vie quotidienne du continent. »
La Chinafrique relate l’enquête de Serge Michel, correspondant en Afrique de l’Ouest pour Le Monde, et de Michel Beuret, chef du service étranger du magazine suisse L’Hebdo, sur la présence de la Chine en Afrique. Les auteurs ont visité quinze pays d’Afrique afin d’expliquer comment la « conquête » du second plus gros partenaire commercial du continent pourrait signifier le couronnement de Pékin comme superpuissance mondiale.
La venue de la Chine en Afrique est-elle une nouvelle forme de colonisation ? Les exigences de « bonne gouvernance » du FMI et de la Banque mondiale ont poussé bien des États africains à se tourner vers la Chine, plus flexible et appliquant une politique de non-ingérence, afin d’obtenir les prêts nécessaires à l’entretien de leur infrastructure. Les ressources de l’Afrique (pétrole, minerai, forêts) ont un intérêt incontestable pour Pékin qui séduit en faisant des offres bien plus alléchantes, jumelant l’extraction de ressources à la construction de barrages ou de ponts.
Au fil des chapitres, le livre nous fait suivre l’enquête des auteurs sur les relations sino-africaines par le récit de leurs rencontres avec des entrepreneurs chinois en Afrique et des membres de gouvernements africains. Michel et Beuret dressent un portrait plus que complet des pays étudiés, chiffrant l’ampleur des échanges économiques entre la Chine et l’Afrique tout en effectuant un tableau des relations humaines que provoque l’arrivée de ces travailleurs et entrepreneurs chinois dans le continent.
Selon les auteurs, la Chine a su redonner une vraie valeur à l’Afrique, alors que l’Occident s’en désinvestissait. Ils en concluent que les dirigeants africains ont désormais les moyens de leurs ambitions, mais qu’ils devront réaliser l’importance de leur continent et apprendre à dire non à la Chine, ou du moins savoir imposer leurs conditions aux investisseurs étrangers.