L’agriculture... cause et solution à de multiples crises

mercredi 2 décembre 2009, par Véronique CÔTÉ

L’industrialisation de l’agriculture devait nourrir la planète entière. La modernisation et la mécanisation des pratiques agricoles, rendues possibles par l’utilisation massive du pétrole, ont vu l’augmentation temporaire de la productivité agricole.

Aujourd’hui, l’agriculture productiviste fait face à une crise environnementale qui perturbe ses pratiques, le nombre de fermes diminue et une proportion toujours croissante de la population mondiale souffre de la faim.

Pourtant, la quantité de nourriture produite est suffisante pour nourrir la population entière. Mais elle n’est pas pour autant accessible physiquement ou financièrement.

Il y a d’abord le gaspillage de la ferme à l’assiette. Qu’on pense aux produits non récoltés faute de temps, de main-d’oeuvre ou d’acheteur ou produits au-delà des quotas de production. Ajoutons les quantités d’aliments jetés par les supermarchés, les restaurants et finalement, par les consommateurs.

D’autre part, le modèle agricole expansionniste, impliquant une croissance toujours plus soutenue, pousse les fermiers vers l’endettement. L’achat de matériel coûteux, l’emploi de dérivés de pétroles et autres intrants forcent les fermes familiales, principaux acteurs des milieux ruraux, a disparaitre au profit de grands propriétaires terriens pratiquant des monocultures à grande échelle.

Ces cultures, cotées en bourse, subissent les aléas du marché et de la spéculation entrainant la hausse du prix des denrées premières. La crise alimentaire mondiale frappe les populations les plus pauvres en mettant les céréales et le pétrole hors de prix.

Enfin, les grands cheptels, l’utilisation de grande quantité de pétrole et de ses dérivés comme les fertilisants de synthèse et les pesticides et la mauvaise gestion des fumiers ont des effets néfastes sur l’environnement.

Comme toute autre industrie de masse qui produit des volumes... l’agriculture pollue.

Mais l’agriculture n’est pas comme toute autre industrie parce qu’elle sert à nourrir, qu’elle occupe le territoire rural et s’inscrit dans le dynamisme des villages. Nous devons orienter notre agriculture et encourager nos fermiers à adopter des pratiques socialement, économiquement et environnementalement responsables.

En somme, un réel contrat vert. http://unionpaysanne.com/images/stories/Doc/le_contrat_vert.pdf

Solutions

Un modèle d’agriculture biologique diversifié répond à ces attentes, mais pour les fermes qui ne le sont pas, voici quelques exemples de pratiques soutenables dans le cadre d’une réduction des gaz à effets de serre ;

 De bonnes pratiques de gestion des fumiers
 Valoriser l’usage de matière organique comme engrais naturel
 Opter pour des pratiques de conservation des sols
 Utiliser des plantes fourragères en rotation
 Avoir de bonnes pratiques de gestion de pâturage
 Avoir un bon réseau de mise en marché local

Par une bonne gestion des fumiers, moins de gaz à effet de serre (GES) sont libérés dans l’atmosphère et plus d’éléments fertilisants amenés aux champs. Ainsi, les besoins en engrais de synthèse diminuent.

Les pratiques de conservation des sols diminuent les besoins en pétrole avec des passages de moins aux champs, moins de compaction, dynamisent les sol, les rendent mieux structuré et moins sujet à l’érosion.

L’utilisation des plantes fourragères aide à la conservation des sols, favorise la captation du carbone et l’utilisation de légumineuses, comme la luzerne, apporte de l’azote à la culture suivante.

« Un pâturage bien géré est plus productif et en retour, les plantes produisent plus de biomasses. De cette façon, plus de CO2 sont assimilés par la plante et plus de carbone est séquestré dans le sol. Lorsque le pâturage est bien géré, le fourrage est plus digestible. Plus les aliments sont digestibles, moins de temps le fourrage passe dans le rumen, et moins d’émissions de méthane sont produites. » Centre de Conservation des Sols et de l’Eau de l’est du Canada (CCSE)

L’agriculture n’est pas seulement émettrice de gaz à effet de serre, elle est aussi une solution pour la réduction d’émission (GES) et la captation du carbone.

La souveraineté alimentaire comme sortie de crises

La souveraineté alimentaire est le droit des peuples, des pays ou de groupes de pays à définir leurs politiques agricoles et alimentaires, sans faire du dumping dans d’autres pays.
C’est un concept développé et présenté pour la première fois par Via Campesina lors du Sommet de l’alimentation organisé par la FAO à Rome en 1996.

La souveraineté alimentaire organise la production et la consommation alimentaire selon les besoins des communautés locales, en donnant la priorité à la production pour la consommation familiale et locale. Les sans terre, les paysans et les petits producteurs doivent avoir accès à la terre, à l’eau, aux semences libres de droit et sans OGM, à des moyens de production et à des services publics adaptés.

Ce concept n’exclut pas la production de masse, mais suggère plutôt un contrat social qui prévaut sur les contrats économiques.

À l’heure des discussions internationales sur les objectifs de réduction d’émissions de gaz à effets de serre, le Québec et le Canada devront orienter leurs pratiques agricoles vers un objectif de captation de carbone à long terme. L’agriculture industrielle devra faire place à un modèle d’agriculture pluriel, souverain et au service de la population.

Nourrir l’humain avant le marché afin que le marché profite aux humains et non l’inverse.

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