La nomination de John Kerry comme
candidat démocrate à la présidence
est déjà un fait accompli. Vainqueur
de la plupart des primaires, M. Kerry
n’a pas à convaincre les délégués qu’il est
le meilleur candidat pour le Parti
démocrate, ceci est déjà fait. Kerry
devrait plutôt se servir de cette scène
nationale, pour s’adresser directement
aux électeurs. Concrètement Kerry
doit diriger ses interventions lors de la
convention, vers le choix d’un co-
listier (candidat à la vice-présidence)
et clairement indiquer et établir un
programme qui se démarque radicale-
ment de celui des républicains.
Depuis le passage de Ronald Reagan à la
présidence, les conservateurs et les
fondamentalistes religieux se sont in-
filtrés dans la hiérarchie américaine
et aujourd’hui contrôlent plusieurs
médias, départements universitaires,
maisons d’édition, etc., subvention-nés
par les magnats comme Coors et
Forbes. Le rêve américain aujourd’hui
se veut à droite. Donc la pertinence
de cette convention dépasse la simple victoire
électorale en novembre 2004.
Si la gauche libérale américaine veut
renaître, la convention à Boston est le
lieu pour forger un renouveau au sein
du Parti démocrate et regrouper les
éléments critiques comme le candidat
indépendant Ralph Nader.
Les sondages nous indiquent que la
course est encore très serrée et que
le lieu de confrontation se situera
dans les États du Midwest et les États
du Sud. L’enjeu de la campagne se circonscrit
dans 18 états, comme
l’Ohio, le Michigan et la Floride, qui
totalisent 125 votes au collège élec-
toral. Kerry, candidat qui vient du
Nord-Est, doit absolument choisir un
colistier qui est originaire soit du Sud
ou du Midwest. À ce titre, le sénateur
John Edwards semble être celui qui
pourrait contribuer le plus à une vic-
toire des démocrates.
Les dirigeants du parti, comme Terry
McAulife (président et directeur du
Parti démocrate nommé par Bill
Clinton), voudraient voir les vieux
loups comme Richard Gephart re-
présentant du Missouri et le sénateur
Bob Graham de la Floride, au poste de
vice-président. Mais John Kerry doit
résister et édifier sa direction sur le
parti, par le choix d’un candidat qui
n’est pas rattaché aux vieilles structu-
res du parti. Ce qui peut rapporter non
seulement des votes mais aussi une
nouvelle image pour l’avenir du Parti
démocrate. Cette importante décision
indiquerait aux électeurs si Kerry est
un véritable « leader », et non seule-
ment un homme de l’appareil.
Mais le défi le plus important pour
John Kerry, lors de la convention, sera
de proposer un programme compré-
hensible indiquant explicitement à
l’électorat américain, les divergences
entre démocrates et républicains.
Sous la direction de Bill Clinton, le
Parti démocrate s’est repositionné au
centre-droite du spectrum politique.
C’est ainsi que Clinton et compagnie
avaient abandonné la base tradition-
nelle libérale, construite et maintenue
depuis Franklin Delano Roosevelt.
Kerry, s’il veut inspirer l’électorat
américain au même titre qu’avait fait
Howard Dean, doit plus particuliè-
rement formuler un programme qui
s’inspire du libéralisme américain et
donner un choix véritable au peuple.
Le Parti démocrate et Kerry doivent
articuler un plan de relance écono-
mique où la création d’emplois est
prioritaire. Depuis George W. Bush,
la population a perdu deux millions
d’emplois, tandis que les profits des
compagnies comme Enron, Microsoft,
Haliburton ont quadruplé. Une poli-
tique sur la sécurisation des fonds de
pension est absolument nécessaire,
pour contrer les vols du même type
que ceux commis par Enron et les
autres. La classe moyenne, les salariés
et les pauvres de la société américaine
ont un besoin urgent d’un parti ayant
pour priorité leur bien- être.
Quarante-cinq millions d’Américains
n’ont aucune assurance maladie.
Dans une société où les coûts des
soins de santé ne sont accessibles que
pour les riches, les démocrates, plu-
tôt que de jouer sur les réajustements
du plan actuel, devront avancer un
plan clairement inclusif pour tous les
Américains.
L’appui de Kerry à un plan de réin-
vestissement dans les infrastructures
scolaires (primaires, secondaires et
universitaires) demeure vital pour
l’accessibilité aux études supérieures
de l’ensemble de la population.
Le Parti démocrate et Kerry doivent
affirmer leur adhésion à une politique
étrangère basée sur le multilatéralisme
et l’appui inébranlable aux institutions
internationales comme l’ONU. Fini
l’isolationnisme ! Fini le gendarme du
monde ! Fini les guerres mensongères !
Cette convention, pour être couronnée
de succès, nécessite non seulement un
regroupement des forces libérales mais
un programme qui reflétera une nou-
velle image pour l’Amérique.