
Sur la scène du Lion d’or ce soir-là, il y avait, je vous l’assure, des flammèches musicales, des éclairs de joie, une voix ronde comme la planète, une voix du tonnerre qui rugit dans certains rock et qui sait bercer la chanson suivante.
C’était fin mars, lors de la soirée 25e anniversaire de La Vie en rose et le public - et les journalistes présentes - étaient sous le choc de la présence singulière, de cette féline rousse. Comme moi.
D’où sort-elle cette flamboyante bête de scène, cette musicienne inspirée (elle est une formidable batteuse !) cette auteure sensée et sensible qui nous change des textes un peu mièvres que la radio déverse à flots ? De France où elle a pratiqué le jazz et le rock ainsi que mille et un métiers (celui de ferrailleuse, notamment) et du Québec où elle vient d’obtenir sa citoyenneté. Elle se nomme Sylvie Cobo. Retenez son nom. Quand elle passera près de chez vous l’été prochain dans sa tournée des festivals, précipitez-vous en gang ! Vous passerez une belle soirée.

Peut-être faites-vous partie de celles et ceux qui l’ont attrapée au passage depuis 1997 puisqu’elle a tourné sous le pseudonyme de La Baronne. Vous faisiez partie des happy few qui attendiez un premier disque ? Il vient d’arriver. Onze chansons sur un disque éponyme, étiquette Tempête, qui donnent l’étendue de la couleur musicale et textuelle de cette aventurière hors normes.
Dans une langue ciselée, Sylvie Cobo raconte des petites histoires dont on attend le dénouement, en alerte. Quelqu’un a dit que ses chansons sont comme des courts métrages, c’est vrai. Qu’est-ce qu’elle raconte ? Elle parle d’amour évidemment (Novembre, Toi parti), de sensualité (Dentelles, Nuit sensible), de féminisme (Les Gonzesses), de tout ce qu’on jette, les gens, les choses, les idées (superbe Fin de saison), de dépassement (Donnez-moi), de la ville (Le Chantier), de la mort comme un apaisement (La Belle noyée).
Et puis, Sylvie Cobo a son complice avec lequel elle travaille depuis trois ans, un compositeur et un immense pianiste qui dirige le band de musiciens. Lui aussi mérite qu’on lui déroule le tapis rouge. Il s’agit de Matt Herskowitz. Le disque est réalisé par Charles Papasoff, récipiendaire du Félix de la meilleure réalisation en 2004 pour l’album de Coral Egan.
J’ai appris que Sylvie Cobo chantera le 3 février au Studio de la Place des Arts. Et en mars au Cabaret du Music Hall à Montréal. Je ne raterai pas ça pour rien au monde.