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mardi 12 décembre 2006

Toujours un plaisir de retrouver Johannesburg. Le printemps y est particulièrement magnifique, avec ses brises de chaleur, la ville tout de mauve de ses jacarandas en fleurs.

Plus grand plaisir encore que de revoir les camarades d’Orange Farm. Mais le bidonville au sud de Johannesburg n’a de mauve que les jupettes des élèves. Les jacarandas ne poussent pas à Orange Farm. Les brises de chaleur ont quant à elles cette fâcheuse tendance à soulever le sable des ruelles, qui s’infiltre trop facilement entre les pièces de tôle qui font office de murs de tous les abris de fortune qui s’étendent à perte de vue. 1,5 millions de personnes vivent à Orange Farm. Seulement 14 000 d’entre elles travaillent dans le secteur formel. Calcul rapide, c’est moins de 1 %.

Mais ce n’est pas tant à cause de cette pauvreté chronique qu’Alternatives a décidé de s’engager auprès des populations d’Orange Farm. Après tout, les conditions de vie déplorables ne sont aucunement différentes de celles qui prévalent à Bophelong, à Sebokeng, à Kanana, dans le East Rand et tous ces autres townships et squatter camps que comptent le pays.

(Consulter notre programme de lutte au VIH-Sida en Afrique du Sud)

(Lire l’article de François L’Écuyer du dernier journal Alternatives, Mince lueur d’espoir pour les sidéens d’Afrique du Sud, sur les changements de perspectives du gouvernement sud-africain à l’endroit du VIH-sida)

C’est plutôt en raison du dynamisme et de la créativité des organisations d’Orange Farm qu’Alternatives a choisi d’y appuyer les initiatives populaires de lutte au VIH-sida. Depuis 1997, sans attendre quelque forme d’aide du gouvernement ou de l’étranger, un groupe de femmes créaient le Itsoseng Women’s Project et mettaient sur pied des jardins communautaires pour assurer que les personnes victimes du VIH-Sida puissent avoir accès à une nourriture de qualité. Lorsque la présence d’un nombre croissant de femmes pour entretenir les jardins urbains est devenue nécessaire, elles créèrent une garderie pour occuper les bambins. On y a accueillit quelques orphelins du sida, de plus en plus nombreux.

C’est bien beau de travailler sur des projets solidaires, il faut quand même bien toucher un revenu. Une partie de la production des jardins était mis en vente dans les marchés locaux, mais c’était insuffisant. Les femmes ont alors mis sur pied un vaste programme de recyclage. D’abord le verre, puis le carton. Plus de 400 d’entre elles travaillent dans les centres commerciaux, dans les dépotoirs ou sillonnent les quartiers pour récupérer tout ce qui peut être recyclé.

Les femmes d’Itsoseng ne sont pas seules. À quelques coins de rue, l’équipe d’Inkhanyezi (« étoile », en langue sotho) travaille d’arrache-pied pour procurer des soins à domicile aux personnes vivant avec le sida. Les légumes des jardins d’Itsoseng sont transformés en plats cuisinés pour ces personnes en perte d’autonomie. Les bénévoles d’Inkhanyezi apportent aussi réconfort, soutien psychologique et médicaments anti-rétroviraux - financés par une fondation américaine - en plus de procéder aux tâches ménagères essentielles, comme le ménage ou la lessive.

Ensemble, nous caressons un rêve un peu fou : tenter de reproduire l’expérience des groupes populaires d’Orange Farm dans d’autres communautés sud-africaines. Des démarches auprès de l’ACDI ont été entreprises à cet effet. Les visites organisées en novembre ont été très positives. Les démarches seront longues, il faudra redoubler d’ardeur. Nous prendrons exemple sur la détermination des femmes d’Orange Farm.

François L’Écuyer
Johannesburg, le 12 novembre 2006

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