Le développement de l’agriculture durable plutôt que le recours aux organismes génétiquement modifiés (OGM), pour nourrir ceux qui ont faim, est sans doute une meilleure avenue. C’est d’ailleurs la conclusion à laquelle arrive une autre étude. Ce rapport scientifique, intitulé Réduire la pauvreté alimentaire par l’agriculture durable, a été rédigé par deux chercheurs de l’Université d’Essex, en Grande-Bretagne, qui proposent des moyens concrets pour développer l’agriculture durable dans les pays en voie de développement. Les auteurs ont évalué plus de 208 projets qui ont cours dans 52 pays et affirment que ces initiatives sont plus prometteuses que les OGM comme remède à l’insécurité alimentaire.
L’agriculture durable intègre aux procédés de production alimentaire des processus naturels et régénérateurs comme les cycles nutritifs, la fixation de l’azote, la reconstitution des sols et les ennemis naturels des ravageurs. Elle réduit au minimum les insecticides et engrais tout en faisant un usage optimal des connaissances et compétences des agriculteurs, améliorant ainsi leur auto-suffisance. En misant sur un usage productif du capital social, ce type d’agriculture améliore aussi la capacité des gens à travailler ensemble pour régler des problèmes et contribue à apporter toute une variété de services pour la collectivité, comme des eaux plus propres et une augmentation de la biodiversité agricole.
Les objectifs de la recherche étaient d’étudier les différentes techniques mises au point pour développer l’agriculture durable et de déterminer dans quelle mesure de telles initiatives pourraient contribuer à nourrir une population mondiale grandissante si elles étaient appliquées à une grande échelle. C’est la plus vaste étude à avoir été menée à ce sujet dans le monde.
Environ 9 millions d’agriculteurs ont cultivé 29 millions d’hectares en utilisant des technologies agricoles durables. Bien que ces chiffres ne représentent que 3 % des terres arables en Afrique, en Asie et en Amérique latine, l’agriculture durable fait du chemin. « D’après les données sur les projets, nous estimons que la surface consacrée à l’agriculture durable il y a une décennie ne dépassait pas 100 000 hectares », soutiennent les chercheurs.
En 2000, 790 millions de personnes souffraient de malnutrition à travers la planète. Cette crise n’est pas seulement causée par la pénurie de denrées alimentaires, mais est aussi liée à la diminution du financement agricole. Les fonds de la Banque mondiale et du PNUD, qui totalisaient 3,5 milliards de dollars US en 1989, ont chuté à moins de 500 millions en dix ans.
Clôde de Guise, collaboration spéciale.