L’auteur est reconnu pour ses histoires farfelues, ses personnages bizarroïdes. Son dernier roman, Le pas de l’ourse (Elle, en anglais), ne fait pas exception. Celui qui dit avoir été profondément marqué par les écrits de Jacques Godbout et d’Hubert Aquin, dit aussi écrire « comme il écrit. Je ne joue pas de jeu commercial. »
Douglas Glover est originaire de l’Ontario, mais vit depuis plusieurs années dans l’État de New York.
Lorsqu’il écrit, le Canada se rappelle à lui. Cette fois, c’est la part francophone, voire française, de ce pays incongru qui a attiré l’imaginaire de Glover. « J’ai essayé de revisiter l’histoire du Canada, à travers un prisme qui nous la montre beaucoup plus complexe que la simple dualité qui nous a été enseignée à l’école. »
Marguerite de Roberval, nièce du sieur de Roberval, grand explorateur du Canada au XVIe siècle, est abandonnée sur une île à l’embouchure du fleuve Saint-Laurent, en raison de sa sexualité débridée. Elle survivra. Cette histoire aux allures de légende est pourtant tout ce qu’il y a de plus vraie. Voilà le point de départ du roman de Douglas qui ne nommera jamais son personnage, « parce qu’elle n’a pas de nom. D’une certaine façon, elle est une marginale, d’abord simplement parce qu’elle est femme. Elle lit beaucoup, alors elle est ouverte au monde. Elle est au commencement du Canada, mais ne sera jamais vraiment à l’intérieur [ni géographiquement ni historiquement]. Le Canada et une femme sont au commencement d’un nouveau roman. »
Le pas de l’ourse présente un univers enneigé, irréel et suspendu, troublant aussi, sans trop que l’on sache pourquoi, dont il faut s’imprégner. « Je me sens très impertinent d’avoir osé écrire sur l’histoire française du Canada », laisse échapper, en guise de conclusion, Douglas Glover.
LE PAS DE L’OURSE, Douglas Glover, traduit de l’anglais par Paul Gagné et Lori Saint-Martin, Montréal, Éditions du Boréal, 2003, 240 pages.
F.-I. L..