Enjeux socioéconomiques : gouvernance et technologies de l’information en RDC

lundi 6 février 2006, par Michel LAMBERT

La République Démocratique du Congo est l’un des plus grands pays d’Afrique avec une superficie de 2.3 millions de km2. Elle compte environ 52 millions d’habitants avec un taux de croissance démographique compris dans la fourchette de 3 à 3.2 % par année. Depuis l’indépendance acquise en juin 1960, le pays fut essentiellement marqué par des désordres politiques se concluant par la mise en place de l’actuelle période de transition en avril 2003. Cette dernière guerre aura cependant eu des conséquences catastrophiques, causant la mort de 4.7 millions de personnes depuis 1998 . Généralement ignorée par la communauté internationale, la guerre en RDC est pourtant une tragédie sans précédent en Afrique.

Au moins 60% de la population congolaise vit en milieu rural, principalement de l’agriculture traditionnelle, de la chasse et de la pêche artisanale. À l’exception des grandes villes et des régions, la densité démographique moyenne (22 habitants au km2) est parmi les plus faibles du continent. Malgré ses immenses richesses minérales, son potentiel agricole et halieutique, le pays demeure l’un des plus pauvres de la planète, se classant 155e sur 173 selon le rapport annuel sur le développement humain du PNUD de 2002. L’examen des quelques données statistiques disponibles indique une situation de pauvreté aiguë et généralisée. En 2001, le PIB par habitant était estimé à près de 74 USD . Le revenu quotidien par habitant est, en dollars de 1985, passé de 1.31 USD en 1973 à 0.91 USD en 1974 et à 0.30 en 1998. Le revenu moyen des Congolais se situerait en dessous du seuil de pauvreté absolue, et aurait continuellement baissé de 3.08% en moyenne annuelle jusqu’en 1998 . Tous les indicateurs sociaux indiquent que les femmes sont plus sévèrement touchées par la pauvreté que les hommes.

La crise politique en RDC a entraîné une crise sociale de grande envergure. La faiblesse, voire l’absence effective des institutions gouvernementales rend extrêmement difficile l’apport de services à la population. Les infrastructures sociales sont absentes, détruites ou inefficaces. Les systèmes scolaires et de santé sont en déperdition, souvent sans locaux, sans outillages, ressources ou personnel compétent. Au niveau de l’éducation, on note en plus le délabrement des infrastructures, le manque de matériel didactique, la démotivation et la déqualification du personnel enseignant, des taux de réussite en déperdition et l’inadéquation de la formation reçue aux besoins sociaux des apprenants.

Au niveau de la santé, les estimations modestes de la couverture des installations de santé montrent qu’au moins 37% de la population n’a accès à aucune forme de soins de santé . Le rapport sur le développement humain du PNUD 2001 précise que 61% de la population est mal nourrie . Le SIDA, dont le taux officiel est de 5 %, toucherait dans les faits beaucoup plus de gens avec en moyenne 173 000 nouveaux cas chaque année .

Depuis les années 80, Alternatives s’implique en RDC via des appuis ponctuels à diverses ONG locales. En 1998, ce travail s’est accentué avec la mise en place d’un premier projet de reconstruction et de réhabilitation à Goma (Nord-Kivu) avec l’appui de l’AHI de l’ACDI. Différents programmes similaires ont depuis été supportés par l’ACDI au Nord et au Sud Kivu alors qu’Alternatives développait l’approche « Do No Harm » servant de cadre d’analyse des répercussions de l’aide dans les zones en conflits. Cette approche a depuis été reprise par l’AHI dans son ensemble.

En février 2002, Alternatives ouvrait une antenne à Kinshasa et concluait la même année plusieurs ententes pour l’exécution de projets de réhabilitation avec le Gouvernement congolais, notamment avec le BCECO .

En terme d’accès et d’utilisation des TIC, on note que la RDC est parmi les pays les plus en retard, même en comparaison avec les autres pays africains. N’étant pas relié au câble marin SAT3, l’accès à l’Internet en RDC demeure uniquement satellitaire, donc très coûteux et instable. Les fournisseurs locaux ne bénéficient d’aucune passerelle nationale et l’autorité centrale de même que les ministères concernés apparaissent actuellement peu soucieux de développer le secteur. En terme de maîtrise de ces technologies, une récente étude de l’ONG belge ATOL sur la maîtrise des TIC par les ONG congolaises concluait que la situation est au mieux embryonnaire .

En mars 2003, Alternatives lançait le Portail Internet de la société civile congolaise, accessible au http://www.societecivile.cd, qui offre une visibilité dynamique à près de 400 organisations locales congolaises. En 2005, nous organisions une série d’activités portant sur le thème de l’accessibilité aux technologies des communications qui se concluait par la mise en place d’une nouvelle structure de concertation, société civile, médias, secteur privé, gouvernement ; appelée : Dynamique multisectorielle sur les TIC. Cette expérience de gouvernance vise le développement et la mise en place d’une politique de développement des TIC en RDC.

À propos de Michel LAMBERT

Co-fondateur en 1994 puis Directeur général d’Alternatives entre 2007 et 2020, Michel Lambert fut Président de l’Association québécoise des organismes de coopération internationale de 2017 à 2020. Il a travaillé au rapprochement des groupes et organisations de la société civile, d’ici et d’ailleurs pour la promotion des principes de la démocratie, de l’égalité et de l’équité pour tous.

Il a tour à tour développé plusieurs des programmes de solidarité internationale d’Alternatives en plus de lancer et animer de multiples campagnes de justice sociale au Québec et au Canada. Il a dirigé l’antenne d’Alternatives en République démocratique du Congo entre 2002 et 2005 avant de prendre la direction de l’organisation en 2007.

Michel Lambert fut membre du Conseil de Gouvernance d’Alternatives International , du Conseil d’administration d’Alliance syndicats et tiers-monde. Il a aussi été membre des Conseils de l’AQOCI entre 2009 et 2013, de l’Association pour le progrès des communications (APC) entre 2008 et 2011 puis entre 2017 et 2020 et de Food Secure Canada entre 2009 et 2012

Il a représenté Alternatives au Conseil International du Forum social mondial et au sein de diverses coalitions québécoises et canadiennes dont notamment, les coalitions Pas de démocratie sans voix, Voices/voix. le Réseau québécois de l’intégration continentale - RQIC et plus récemment au comité de coordination du Front commun pour la transition énergétique .

Michel Lambert a joué un important rôle de mobilisation et de construction lors du Forum social des peuples tenu à Ottawa en août 2014 .

En 2018, il confondait Cultiver Montréal, le réseau des agricultures montréalaises.

En 2020, il a contribué à la création du FISIQ, le Fonds d’investissement solidaire international du Québec.

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