Dehors Ray-Mont Logistiques

vendredi 15 octobre 2021, par Contrepoints.media

En friche depuis une vingtaine d’année, l’immense terrain vague situé à l’Est du quartier Hochelaga-Maisonneuve fait la joie des promeneurs et promeneuses, des familles et de leurs apprenti.e.s explorateur.trice.s urbain.e.s, des sportif.ve.s et de leurs chiens. Composé de divers terrains et habitats à la végétation abondante (boisés, friches), le terrain vague est un refuge pour les habitant.e.s du quartier comme pour les monarques, les renards et les cerfs, aperçus au détour d’un sentier ou entre les rails abandonnés.

En 2016, une partie de ce territoire en friche a été achetée par l’entreprise Ray-Mont Logisitiques (RML), qui souhaite y installer une immense plateforme de transbordement de marchandises.

Si ce projet se réalise, 100 wagons, chargés principalement de grain, arriveraient par train chaque jour pour être vidés dans des conteneurs maritimes qui seraient ensuite expédiés par camion vers le port.

Cette capacité à « traiter » 100 wagons par jour en ferait l’une des plus importantes plateformes intermodales du genre en Amérique du Nord.

Des mots mêmes du PDG de l’entreprise, Charles Raymond, le projet représenterait une véritable « catastrophe » pour les résident.e.s du secteur. Située à moins de 150 mètres des maisons les plus proches, la plateforme serait en activité 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Elle provoquerait des bruits d’impact et des vibrations en continu, engageant 1000 déplacements de camions par jour. 10 000 conteneurs seraient entreposés sur le site asphalté, créant au passage un immense îlot de chaleur. Ce serait d’ailleurs la première fois que des conteneurs liés aux activités portuaires seraient entreposés au nord de la rue Notre-Dame dans ce secteur.

Puisque le site est zoné industriel, l’entreprise n’a pas à soumettre son projet à une étude d’impact. La cour d’appel ayant confirmé en janvier dernier le droit de l’entreprise d’opérer une gare de triage malgré la proximité des résidences, Ray-Mont Logistiques entend mener son projet à terme, bien que celui-ci ne rencontre aucune acceptabilité sociale et soulève l’indignation populaire.

Visant à faciliter la circulation mondiale des marchandises, le projet de RML cadre tout à fait dans la stratégie maritime « Avantage Saint-Laurent » du gouvernement de la CAQ, elle-même portée par une vision de développement, qui, sous couvert d’engagements « verts » relevant d’un greenwashing primaire, reproduit les logiques coloniales et extractivistes typiques du capitalisme globalisé.

Le projet de Ray-Mont Logisitiques en est un de dépossession. Dépossession de nos espaces libres, dépossession de notre qualité de vie, dépossession de notre quartier.

L’heure n’est plus au développement des activités portuaires, à l’augmentation du transport de marchandises, au mépris des citoyen.ne.s et de leurs milieux de vie.

Face à la crise climatique et sociale que nous vivons, nous avons la responsabilité de préserver toutes les parcelles d’espaces verts qu’il nous reste, d’en créer de nouvelles, et d’imaginer pour nos territoires des projets à échelle humaine, accessibles et inclusifs, fondés sur la résilience écologique et l’engagement de tou.te.s vers une plus grande justice sociale et environnementale.

À la catastrophe Ray-Mont Logistiques, nous opposons le projet d’une friche libre et protégée, aux usages populaires, gratuits et spontanés. Nous nous portons à la défense du vivant dans toutes ses formes, végétales, animales et humaines, et prenons la générosité et l’hospitalité de la friche comme inspirations pour imaginer de nouvelles manières d’habiter et de lutter ensemble. Pour résister et fleurir.

Article d’abord publié dans Résister et Fleurir (Automne 2021) de Contrepoints.media

Photo : Marc Bonhomme (Mobilisation 6600 Parc-Nature MHM)

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