LIVRE

Décortiquer les mots du pouvoir

jeudi 28 février 2008, par Amélie TENDLAND

Décortiquer les mots-clés de la globalisation afin de donner les outils du changement au militant, au jeune ou au citoyen, voilà l’ambition du nouveau Dictionnaire critique de la globalisation du sociologue québécois Jacques B. Gélinas, qui paraît le 4 mars.

« Il n’y a pas moyen de trouver des alternatives au capitalisme si on ne le connaît pas », explique l’auteur en entrevue. Bien que des termes liés à la globalisation (réingénierie, rationalisation, flexibilité du travail, partenariat public-privé, marché global, etc.), fassent partie de notre quotidien, nombreux sont ceux qui n’en comprennent pas les rouages et les ancrages. « Ces termes, nous les entendons tous les jours, mais toujours hors contexte. Dans les médias, ces choses nous sont rapportées comme des fatalités souvent technologiques, mais il n’en est rien », assure M. Gélinas.

D’abord un outil

Le dictionnaire critique du sociologue se veut d’abord un outil, un manuel facile d’accès pour le lecteur, qui, selon ses propres préoccupations, trouvera une définition concise suivie d’une mise en contexte historique, sociale, économique et parfois même éthique de termes tels que néolibéralisme, enronisme ou économie de marché.

Par exemple, un rapport sur l’agriculture au Québec a été récemment déposé. M. Gélinas explique que si un jeune s’y intéresse, il pourra trouver dans le dictionnaire une définition de l’agriculture productiviste, ainsi qu’une explication historique du phénomène. Sa lecture pourra alors le mener vers d’autres termes de l’ouvrage (il en contient plus de 80), tels que libre-échange global et ALÉNA.

Autre exemple ? Une consultation de l’ouvrage à propos des soins de santé mène le lecteur à la définition du partenariat public-privé, ainsi qu’à l’ALÉNA qui, en 1994, a pour la première fois autorisé l’exportation des services et non plus seulement des marchandises.

Le dictionnaire est donc conçu pour que le lecteur puisse parcourir l’ouvrage d’un terme à l’autre. À mesure des lectures, il peut ainsi assembler les pièces d’un système économique qui n’est absolument pas fatal et hasardeux, mais bien orchestré et maintenu par les élites économiques et politiques.

Prise de position assumée

Dès les premiers coups d’oeil au dictionnaire, on devine le parti pris de l’auteur. Dans les premières lignes, le sociologue explique vouloir ramener l’économie à ce qu’elle est : une science sociale. « C’est par une disjonction contre nature que la « science » économique actuelle, mathématisée et modélisée à l’extrême, évacue le social et l’environnemental de son champ de vision... et même de sa comptabilité », écrit-il.

« Il est tout à fait justifié de prendre position sur des enjeux qui mettent notre avenir et la planète en danger, rajoute-t-il en entrevue. Je veux avec ce dictionnaire participer au débat public et rendre intelligibles des mots-clés pour comprendre notre société, parce que comme le disait Susan George, un autre monde est possible si on sait de quoi on parle ».

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