Consommer équitablement aux quatre coins du Québec

mardi 22 avril 2003, par Karine PROJEAN

Le commerce équitable connaît un engouement sans pareil au Québec, tant à Montréal que dans les régions. Mais hors des grands centres, il est parfois plus difficile d’implanter ce modèle d’échange équitable entre les acheteurs du Nord et les producteurs au Sud.

En Estrie, au Saguenay Lac-Saint-Jean et en Montérégie, le commerce équitable est en vogue. Grâce à un intérêt de plus en plus grand pour l’achat de produits qui rendent justice au travail des artisans, les points de vente se sont multipliés.
Les citoyens qui se regroupent et s’impliquent dans la promotion du commerce équitable se heurtent souvent aux portes closes des supermarchés. Mais comme l’explique Isabelle St-Germain, coordonnatrice du programme commerce équitable chez Équiterre, « le consommateur, quand il veut quelque chose, a un pouvoir. Il a le droit d’acheter des produits respectueux de l’environnement ».

D’ailleurs, les épiceries IGA ont finalement accepté de mettre sur leurs tablettes des produits biologiques et équitables, à la suite de pressions publiques.
Mais il faut être persévérant. Souvent, les supermarchés ont une liste de fournisseurs à laquelle ils ne veulent pas déroger. Les entreprises équitables doivent alors louer des sections dans les supermarchés, ce qui rend les produits équitables moins visibles. Le café équitable, par exemple, se retrouve souvent dans la l’endroit réservé aux produits biologiques, plus difficile à trouver que dans la rangée du café régulier.

Malgré tout, ce produit phare demeure une bonne porte d’entrée : « Une fois que les magasins ont le café, ils achètent le reste des produits », affirme Isabelle St-Germain. Mais il reste primordial de faire un suivi. Comme ce sont habituellement des jeunes qui s’occupent du commerce équitable, une fois leurs études terminées, ils quittent souvent la région. L’équipe doit être renouvelée et les campagnes de sensibilisation doivent être remises sur la bonne voie. Les gens qui commencent dans le domaine n’ont souvent pas d’expérience et auraient besoin d’encadrement, d’où l’importance d’être appuyé par des organisations, rappelle Isabelle St-Germain. Le problème d’accessibilité est aussi à considérer dans certaines régions, comme la Côte-Nord, l’Abitibi-Témiscamingue et la Gaspésie, où l’éloignement rend difficile l’accès à des produits équitables.

La meilleure façon de promouvoir le commerce équitable, selon la coordonnatrice d’Équiterre, est par le biais d’une personne connue dans la région qui s’en fait le porte-étendard. De plus, Véronique Frigon, responsable du volet éducation et sensibilisation du Centre de solidarité internationale (CSI) du Saguenay Lac-Saint-Jean, croit que si le commerce équitable fonctionne aussi bien en région, c’est parce qu’il représente aussi, par ses artisans et sa production à petite échelle, le commerce local que les gens veulent encourager pour combattre le phénomène d’ouverture des marchés : « Le commerce équitable propose une façon concrète pour combattre la mondialisation. »


Karine Projean, collaboration spéciale

Le café est rapidement devenu le produit phare du commerce équitable au Québec.

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