« Dans un sac de vidanges, il y a 30 à 40 % de matières compostables, 40 % de matières recyclables et 20 % de matières dont on ne sait trop que faire », explique Valérie Koporek, responsable du projet de composteur industriel. Le compostage, le recyclage et une meilleure gestion des déchets dangereux permet donc de réduire la quantité de déchets de façon considérable. Elle rappelle qu’il est faux de croire que les matières organiques peuvent se décomposer dans des sacs plastiques. « Le compost ne peut se faire dans un sac poubelle, car il est mélangé par des matières dangereuses, ce qui entraîne plutôt la contamination de l’eau et des sols. »
Mais ce n’est pas tout de vouloir composter. Encore faut-il avoir un espace disponible pour mettre le bac à compost. D’où le projet de compostage communautaire. Un prototype de composteur industriel a été créé dans le cadre d’une collaboration entre le département d’ingénierie agricole et biosystémique de l’Université McGill et l’Éco-quartier Jeanne-Mance. Un deuxième prototype sera également bientôt mis à la disposition des résidents. « Nous souhaitons réduire les quantités de déchets organiques dirigés vers les sites d’enfouissement et les détourner vers un site de compostage décentralisé urbain », affirme Valérie Koporek.
La première phase du projet s’adresse aux restaurateurs et aux petits commerces du quartier, comme Santropol Roulant par exemple. Les bénévoles de l’organisation préparent et livrent des repas pour des personnes à autonomie réduite, à raison de 80 repas par jour, six jours par semaine. « Dès les débuts en 1995, nous avons tenté de trouver des façons de fonctionner efficacement et écologiquement », explique la coordonnatrice Vanessa Reid. Les quantités de nourriture que Santropol Roulant utilise et le manque d’expertise obligeait toutefois l’organisation à faire appel à des organismes de l’extérieur du quartier, mieux en mesure de gérer un gros volume de résidus. Le projet communautaire arrive donc à point.
À la grandeur du Québec
Même s’il est loin d’avoir acquis la popularité du bac à recyclage, le bac à compost gagne du terrain. Un peu partout à travers la province, plusieurs municipalités innovent et mettent sur pied différentes initiatives afin de sensibiliser la population aux bienfaits du compostage.
Certaines villes privilégient la collecte à trois voies (matières recyclables, compostables et jetables) mise de l’avant pour la première fois dans la petite localité de Saint-Valère en 1995. À Victoriaville, par exemple, cette méthode a permis de recueillir près de 3 000 tonnes de résidus organiques en six mois seulement. Le développement de l’industrie du compostage, toujours basée sur la collecte à trois voies, fait aussi partie des objectifs de la ville de Laval.
Bon nombre de municipalités offrent aussi un site de compostage collectif, où les citoyens sont invités à venir déposer leur matière compostables, que ce soit les feuilles mortes ou les résidus organiques. C’est le cas notamment de la municipalité de Chelsea, dans l’Outaouais et de celle de Sainte-Martine sur la rive sud de Montréal.
La plupart des municipalités qui ont mis de l’avant des initiatives afin d’inciter leurs citoyens à composter offre également des ateliers d’information et de la documentation sur le sujet. À la ville de Québec, par exemple, une tournée de formation sur le compostage domestique a été organisée l’an passé, et considérant le succès de l’événement, l’activité pourrait être reprise cet été. Des composteurs sont aussi vendus à rabais dans plusieurs villes, notamment à Gatineau ainsi que dans la région de Québec et de Lanaudière. Ces mesures n’étant pas énormément connues des citoyens, il importe de bien se renseigner.
Pour les gens en appartement ou au travail disposant d’un espace restreint, il est possible de composer à l’intérieur grâce au vermicompostage - la décomposition des déchets organiques à l’aide de petits vers de terre, dans un bac spécialement conçu à cet effet. Également très pratique pendant les longs mois d’hiver. Alors, plus d’excuses !