À travers une cinquantaine de portraits, Ces Québécois venus d’Haïti permet de découvrir l’apport étonnant des Haïtiens dans tous les secteurs de la vie publique. Si l’écrivain Stanley Péan et l’activiste et politicienne Vivian Barbot sont bien connus dans le milieu progressiste, on découvre plusieurs de leurs compatriotes solidement engagés dans des entreprises d’économie sociale comme Services alimentaires Boukan Délices, ou de nombreux centres de la petite enfance fondés ou dirigés par des Haïtiennes.
Cherchant plutôt à documenter les cas de réussite, les auteurs restent discrets sur le racisme ambiant qui exclut de nombreux Haïtiens des postes pour lesquels ils sont qualifiés - autant dans le secteur public que dans le privé. Ils n’insistent pas sur l’ethnocentrisme de nos médias qui fait en sorte que ces pionniers haïtiens, comme tant d’autres néo-Québécois, sont largement absents de notre imaginaire collectif. En revanche, ils font écho aux débats internes de la communauté, qu’il s’agisse des rapports ambigus avec le pays d’origine, ou des frustrations ressenties par la deuxième génération.
Il est aussi frappant de voir la diversité des projets de solidarité et de « développement » que des Québécois d’origine haïtienne ont montés dans leur pays d’origine. Ils ont ainsi repris le flambeau des générations de religieux qui avaient tant fait pour tisser des liens entre les deux pays dans les années 1950 et 1960. En définitive, c’est cette solidarité extraordinaire qui doit rester au cœur du rapport Haïti-Québec.