
L’idée lui était venue subitement à la fin des années 1970 : proposer un régime gouvernemental délesté de tout parti politique. À l’époque, le sociologue Jacques Lazure en avait discuté avec quelques proches et collègues. « J’avais tout de suite vu que ce n’était pas le temps d’en parler publiquement », reconnaît-il. Il estime aujourd’hui que le terrain est propice et, à 77 ans, il dévoile son alternative politique, qui n’a rien d’anarchiste.
Dans son ouvrage, l’auteur dénonce les méfaits engendrés par la structure et la dynamique des partis politiques et du système démocratique actuel. Les partis se retrouvent entraînés dans une spirale qui les éloigne de l’objectif premier de l’action politique : le bien commun. « Leur quête effrénée du pouvoir, de la belle image et de l’argent les met en situation d’imposture, de luttes stériles, de gaspillage de ressources humaines et financières, écrit-t-il. Surtout, ils mènent à une dépersonnalisation sérieuse de leurs membres et des citoyens en général. »
Jacques Lazure propose donc, dans un Québec souverain, que les candidats à la députation se présentent à titre individuel, dans leur comté d’appartenance, et se fassent élire pour leur mérite personnel plutôt que pour leur affiliation partisane. Tous les élus pourraient présenter des projets de lois. L’auteur explique qu’ainsi « les députés posséderaient beaucoup plus de pouvoirs qu’à l’heure actuelle, où la majorité d’entre eux n’ont rien à faire aux projets de lois ».
L’ancien professeur de l’UQAM reconnaît l’héritage du système multipartite, mais il considère que c’est une étape que l’on doit dépasser pour « assurer une meilleure participation des citoyens, une meilleure démocratie ». Il n’entretient aucune illusion quant à la réception de son projet. « C’est tellement quelque chose qui bouleverse le système actuel, ça ne peut pas se faire du jour au lendemain. [...] Mais l’idée peut mûrir, et après des décennies, voire des siècles, se réaliser. Je ne suis pas pressé moi ! »