L’Iran et la Turquie partagent une longue et riche histoire qui remonte à l’époque des empires perse et ottoman, et ces deux pays jouent encore un rôle géopolitique de premier plan au Moyen-Orient. J’ai discuté avec Vahid Yücesoy, doctorant en sciences politiques à l’Université de Montréal et spécialiste de la politique iranienne et turque, des principaux enjeux politiques de ces pays, en particulier en ce qui concerne la viabilité démocratique et les droits de la personne.
Depuis la fin octobre, l’armée turque a obtenu le feu vert pour intervenir au besoin dans le nord de l’Irak. Officiellement, le pays veut prévenir les raids des combattants du Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) sur son territoire. Mais Ankara poursuit peut-être d’autres objectifs un peu moins avouables.
L’étau se resserre autour du gouvernement turc. Ébranlée par les émeutes sanglantes entre manifestants Kurdes et forces de l’ordre qui ont paralysé la ville de Diyarbakir à la mi-mars, l’administration du premier ministre, M. Recep Tayyip Erdogan, fait désormais face à une fronde sourde qui pourrait entraîner son renversement.
Coup de théâtre - aussi attendu qu’espéré - à Istanbul. Devant la vague d’indignation internationale, le procureur d’État a décidé de laisser tomber la poursuite de l’écrivain turc Orhan Pamuk. Son procès, qui devait commencer début février, n’aura finalement pas lieu. Il s’agit non seulement d’une victoire pour la liberté d’examiner l’histoire d’un œil critique, mais aussi d’un revers cinglant pour les tenants de la main dure en Turquie.
La question de l’intégration de la Turquie à l’Union européenne se pose avec une angoisse grandissante à mesure que la date butoir du 17 décembre approche, tant au sein de l’Union qu’en Turquie même. Car c’est alors que le Conseil d’Europe donnera à Ankara soit une date ferme d’adhésion, soit une rebuffade historique aux conséquences imprévisibles.
Le statut d’allié d’une superpuissance n’est pas nécessairement de tout repos. La Turquie vient d’en faire la preuve. En votant fin septembre une résolution autorisant l’envoi de 10 000 soldats en Irak, à la demande expresse du régime de George Bush, le gouvernement turc a réussi, d’un seul coup, à dresser contre lui l’immense majorité de sa population.
Fin 2002, le sommet européen de Copenhague a répondu de manière ambiguë à la demande d’adhésion de la Turquie à l’Union Européenne. Depuis l’Union est entrée dans la crise que l’on sait face à la volonté de guerre américaine en Irak et la Turquie s’est trouvée au coeur de la tourmente, notamment en ce qui la concerne, parce qu’elle a été l’objet de la première crise grave de l’OTAN depuis des années.
Recevez le bulletin mensuel gratuitement par courriel !
Votre soutien permet à Alternatives de réaliser des projets en appui aux mouvements sociaux à travers le monde et à construire de véritables démocraties participatives. L’autonomie financière et politique d’Alternatives repose sur la générosité de gens comme vous.
Vous pouvez :
514 982-6606
jda@alternatives.ca