Europe

Selon le psychiatre auteur de cette tribune, une approche démocratique de la pandémie est possible. Dans sa vision, tous resteraient égaux devant la médecine et leurs doutes ne seraient pas méprisés. En revanche, l’enrichissement de l’industrie pharmaceutique et l’emploi de l’argent public seraient scrutés, et mis en balance avec l’urgence climatique.

Professeur de philosophie à l’Université de Strasbourg et membre du Collège international de philosophie, auteur de nombreux essais sur l’art et la littérature, la communauté ou encore le corps, Jean-Luc Nancy s’est éteint le lundi 23 août, à l’âge de 81 ans.

Lors de son lancement il y a dix ans, le programme allemand Industrie 4.0 promettait une quatrième révolution industrielle qui changerait notre façon de travailler. Sa mise en œuvre répond à des impératifs capitalistes très anciens : utiliser des technologies permettant d’économiser du travail non pas pour réduire la charge de travail, mais pour soumettre les employés à une discipline de travail encore plus stricte.

Julian Assange échappe pour l’instant à l’extradition vers les USA. Un tribunal britannique vient de rejeter le transfert de l’Australien, connu pour son implication dans Wikileaks, parce que son départ aux USA nuirait lourdement à sa santé mentale, déjà très dégradée. Mais le verdict est moins satisfaisant qu’il n’y paraît.

David Graeber est mort à l’âge de 59 ans [1]. Auteur de renom et militant anarchiste, il laisse derrière lui un grand nombre d’écrits, principalement campés en anthropologie économique et politique. À l’automne 2010, le Royaume-Uni tout entier était tourné vers les luttes étudiantes qui tentaient de s’opposer à une hausse massive des frais de scolarité que venait d’imposer le gouvernement conservateur de David Cameron [2]. Des contestations juridiques bloqueront la réforme jusqu’en 2012 [3]. En février 2011, j’ai décidé d’écrire à David Graeber de manière un peu impulsive, pour lui demander son (...)
Chaque soir pendant l’épidémie de la COVID-19 et en particulier durant les premières semaines de confinement, des représentants très appliqués du ministère de la Santé, des journalistes des chaînes d’info en continu ont égrené le nombre de décès provoqués par le virus en France et ailleurs dans le monde. Le 23 mai, le nombre de ces décès était de 338 249 à l’échelle mondiale soit à peu près 0,005% de la population. Si on compare cette comptabilité macabre à d’autres, celle des guerres et autres maux bien plus meurtriers, qui trouvent leurs sources dans les ambitions et désirs de puissance de quelques (...)

Où que l’on aille en France, ou presque, on les croise désormais sur notre chemin : des collages visant à dénoncer, en lettres capitales, les féminicides, les agressions sexuelles et sexistes, la domination masculine au quotidien. Une manière, pour les activistes anonymes qui les réalisent, de marquer l’espace public et l’esprit des passants et des passantes — au risque, la nuit tombée, de croiser les forces de l’ordre. L’une d’entre elles, impliquée au sein d’un collectif, raconte ici son expérience des collages. Sans ambition de généraliser ni de parler pour autrui, précise-t-elle.

César de Polanski, tribune de Virginie Despentes, manifestation féministe nocturne violemment réprimée le 7 mars, les défilés particulièrement fournis du 8 mars 2020 semblent devoir beaucoup à la brûlante actualité de la lutte pour les droits des femmes. Dans les cortèges, la question des violences physiques et sexuelles est au centre de l’attention. Reportage à Paris.

La mobilisation qui a pour enjeu immédiat les retraites dessine un horizon démocratique plus large : elle combat à la fois l’autoritarisme incarné par Emmanuel Macron et l’extrême droite qui a tout intérêt à l’échec du mouvement.

La grève générale et nationale en France, qui entre maintenant dans sa septième semaine (un record), semble approcher un point tournant. Malgré la répression policière sauvage, environ un million de personnes descendent dans les rues pour protester contre la « réforme » néolibérale du système de retraite français proposée par le président Macron, système établi à la fin de la Seconde Guerre mondiale et considéré comme l’un des meilleurs au monde. Au fond, ce qui est en jeu, c’est la vision de société dans laquelle les gens veulent vivre - une société basée sur le calcul froid du marché ou une société (...)
Durant le week-end des 16 et 17 novembre, les gilets jaunes ont fêté leur premier anniversaire avec des barbecues conviviaux sur les carrefours giratoires (ronds-points) répartis dans toute la France, suivis d’actions directes telles que des péages libérateurs. Bien que le nombre de manifestants ait diminué d’environ 10% sur les quelques 400 000 personnes qui sont venues manifester il y a un an le 17 novembre 2018 - malgré une année de violente répression policière, de déformation des médias et de pure fatigue - un nombre étonnamment élevé de femmes et d’hommes de toute « la France profonde » (...)

Le courage et l’engagement de Carola Rackete et Pia Klemp sont indéniables. Mais pour l’auteur de cette tribune, l’héroïsation par la presse des capitaines du bateau humanitaire Sea Watch 3 masque la complexité des enjeux de la fermeture des ports aux exilés en Méditerranée.

Qu’est-ce que le mouvement des Gilets jaunes révèle de l’épuisement de l’organisation politique et économique de notre société ? Quel est le rôle de l’État ? De la société civile ? Quelle place occupe l’écologie dans la transformation de la société ? Dans cet entretien, Bruno Latour livre ses réflexions sur ce moment politique « enthousiasmant ».

Bruno Latour est sociologue, anthropologue et philosophe des sciences.

Le 12 et 13 janvier 2019, les gilets jaunes du Canada, appelaient à la manifestation pour clamer leur opposition à la taxe carbone et, plus largement, au gouvernement fédéral de Justin Trudeau décrit, dans un registre caractéristique de l’extrême droite, comme un « mondialiste trahissant son pays ». Plusieurs observateurs.trices ont déjà signalé les différences notables entre les mouvements des gilets jaunes au Canada - où, en dehors d’une certaine audience sur les réseaux sociaux ils semblent rester relativement confidentiels et confinés à des groupes d’extrême droite - et en France. Pourtant, (...)
| Article inédit pour le Journal des Alternatives | Suis-je le seul qui, la première fois où l’on me parla des gilets jaunes, eut cette immédiate réaction ? Cette incompréhension de la lutte contre une mesure environnementale visant à réduire drastiquement les émissions françaises de gaz à effet de serre. Évidemment, en y réfléchissant plus longuement, on peut comprendre la colère d’une frange du peuple français et saisir l’injustice de la situation. La taxe sur le carburant, révoquée d’ailleurs, représentait la goutte de trop, un poids de trop sur le dos des classes populaires qui en saisissaient (...)

Après trois mois de contestation, des gilets jaunes tentent de structurer le mouvement. Une liste, déjà contestée, a été lancée en vue des européennes, tandis que des plateformes numériques ont été créées par plusieurs groupes et que des assemblées générales se réunissent à Toulouse, Lyon ou Caen. Il y aussi « l’assemblée des assemblées » de Commercy. Dans cette petite ville de la Meuse, plusieurs centaines de gilets jaunes venus de ronds-points aux quatre coins du pays se sont rencontrés les 26 et 27 janvier. Objectif : créer un modèle de coordination, entre apprentissage de la démocratie participative et prise de parole directe. La dynamique irriguera-t-elle le mouvement ? Reportage.

Texte d’abord publié sur le site de Contretemps Comme tout mouvement doté d’une force événementielle, celui des Gilets Jaunes (GJ) se présente à la fois comme anticipé et inattendu, surinterprété et résistant aux interprétations. Anticipé, tout d’abord, dans la mesure où, depuis des années déjà, et des côtés les plus opposés, il est question de cette « insurrection qui vient » : des secteurs militants radicaux bien entendu, et en particulier de la mouvance autonome à l’origine de la brochure qui a popularisé l’expression, mais tout autant d’acteurs politiques déjà bien établis et aspirant à la (...)
Article paru sur le site de État d’exception Une femme noire insultée et prise à partie, un couple d’homosexuels humilié, une femme musulmane forcée de retirer son voile, des migrants raillés et remis aux gendarmes, des tabassages en règle, des Marseillaises entonnées à pleins poumons, des bloqueurs qui applaudissent les forces de l’ordre et ne cachent pas leur sympathie pour Marine Le Pen… Les violences et prises de position de ce type, qui se sont multipliées depuis la première journée d’action du 17 novembre et les jours suivants, ont de quoi nous faire sérieusement réfléchir sur la teneur (...)

Texte d’abord publié sur le site de l’Observatoire des multinationales

Alors que le ministre de l’Écologie Nicolas Hulot vient de démissionner avec fracas en invoquant le pouvoir excessif des lobbies, les Amis de la Terre France et l’Observatoire des multinationales révèlent aujourd’hui de nouveaux documents sur le lobbying auprès du Conseil d’État, qui avait conduit à vider de sa substance la loi « Hulot » sur la fin de l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures en France. Cette loi est aujourd’hui brandie par le gouvernement comme son principal succès en matière écologique, alors que sa portée avait réduite à une peau de chagrin. Ces documents ont été obtenus dans le cadre d’une enquête publiée en juin dernier par les Amis de la Terre et l’Observatoire des multinationales « Les Sages sous influence ? Le lobbying auprès du Conseil constitutionnel et du Conseil d’État ».

Texte publié d’abord sur le site du Comité pour l’abolition des dettes illégitimes (CADTM) Le 20 août 2018, le gouvernement grec d’Alexis Tsipras, le FMI et les dirigeants européens célèbrent la fin du 3e mémorandum. À cette occasion, le message qui est distillé par les grands médias et les gouvernants [1] : la Grèce retrouve sa liberté, l’économie reprend, le chômage baisse, l’Europe a prêté 300 milliards à la Grèce et les Grecs vont devoir commencer à rembourser cette dette en 2022 ou en 2032… Les principales affirmations sont totalement fausses car la Grèce reste bien sous tutelle des créanciers en (...)
Le Royaume-Uni a choisi le 23 juin 2016 de rompre son union avec l’Europe à travers une campagne autant polarisée que médiocre pour les deux groupes s’opposant. Les enjeux se basaient principalement autour de sujets tels que l’emploi, l’immigration, la bureaucratie de l’Union européenne et la mondialisation et alimentaient vivement les sentiments de peur et de division qui avaient été incrustés dans l’esprit de l’électorat. Beaucoup d’arguments ont fusé en faveur des avantages d’être membre de l’un des plus importants blocs commerciaux au monde. Mais aussi, de nombreuses frustrations ont été (...)
Alors que l’Europe se barricade, pensant que les murs qu’elle dresse la protégeront d’un fantasmatique danger migratoire, voici, au contraire, dix raisons d’ouvrir les frontières. Entre 2000 et 2014, 40 000 migrants sont morts aux frontières, dont 22 000 en tentant de rejoindre l’Europe, qui est aujourd’hui devenue la destination la plus dangereuse du monde pour les migrants. Depuis le début de l’année 2015, plus de 2 500 sont morts noyés en Méditerranée, alors qu’ils fuyaient violences et oppression en Syrie, en Erythrée ou dans d’autres endroits du monde. Le décompte macabre continue chaque (...)
Il est temps de faire le point sur un problème sans solution facile mais qui mérite d’être bien posé. L’Europe sent monter la guerre, en Méditerranée, moyen-orientale, en Afrique sahelienne , en Mer Noire ukraino-russo- caucasienne. Dans la mesure ou nous sommes au milieu du gué, en matière de crise financière, économique, politique et religieuse, ces quatre types de crises, qui nous bouchent l’horizon, étant inégalement mixées sur le terrain des guerres , ce contexte n’est pas loin de ressembler à une guerre mondiale rampante. 1°) On peut bien dire que le système des Nations unies ne (...)
La Commissaire européenne Cecilia Malmström avait promis un nouveau départ pour les négociations d’un accord transatlantique de commerce et d’investissement - TAFTA. Mais à la veille de l’ouverture du 8ème cycle de négociations, qui se tient à Bruxelles toute cette semaine, les manœuvres d’apaisement et les pseudo-réformes engagées ces dernières semaines ne fournissent aucune réponse aux innombrables critiques remontant de toute l’UE. Au contraire, les promoteurs de l’accord – DG Commerce, leaders politiques, lobbies industriels – s’affairent pour le parer des plus séduisants atours. Efforts qui (...)
Le gaspillage alimentaire est un problème majeur dans les pays ayant adopté des habitudes de sur-consommation. Chaque année 1,3 milliards de tonnes de denrées comestibles par an sont jetées, selon la FAO (1). A toute échelle de la chaîne alimentaire s’opère ce gâchis. En Belgique, quelques villes ont décidé d’agir au niveau des industries agro-alimentaires en les forçant à donner aux associations de redistribution alimentaire. La Belgique oblige les supermarchés à donner C’est dans la ville de Herstal que le bourgmestre – équivalent du maire -, Frédéric Daerden, a lancé une initiative (...)
L’encre n’était pas encore sèche sur le protocole signé par le Canada et l’Union européenne pour conclure une entente de principe sur l’Accord économique et commercial global (AÉCG) que l’évènement soulève des vagues et que les positions se sont cristallisées. D’une part, le gouvernement Marois s’est dépêché d’accorder un appui sans réserve à cet accord de libre-échange qui sera dans le décor si des élections ont lieu cet automne. D’autre part, ATTAC-Québec, le Réseau québécois sur l’intégration continentale (RQIC), Alternatives, la CSN, le syndicat des Travailleurs unis de l’automobile, de même que (...)
L’Europe est le seul bloc de l’économie mondiale pour lequel on annonce une croissance quasi-nulle en 2013. En matière de chômage, de pauvreté, l’UE atteint un pic historique. Comment en est-on arrivé là ? Ce qui explique la situation catastrophique de l’UE porte un nom et une explication : le traité budgétaire. L’Europe a fait un choix inepte : revenir à l’équilibre budgétaire – 0,5% maximum autorisé) – en quelques petites années. Du coup, on a organisé la récession générale sur l’ensemble du continent. Merkel impose l’équilibre sans la solidarité Le plus grave est le « concept » et la « vision » (...)
Le sable bitumineux va t-il envahir l’Europe ? Ce pétrole très visqueux aggloméré à du schiste et du sable, dont l’extraction fait des ravages, arrive par petites quantités depuis 2009 sous forme de diesel, principalement aux Pays-Bas, à Gibraltar (Royaume-Uni), en Espagne et en France. Un nouveau rapport révèle que Valero Energy, l’un des plus gros raffineurs nord-américain, projette d’en importer massivement via sa raffinerie située à Pembroke, au Pays de Galles. De son côté, la firme assure ne pas être impliquée directement dans l’extraction des sables bitumineux, mais admet que les produits (...)
Comme on pouvait s’y attendre, tous les dignitaires présents et passés des institutions européennes ont bruyamment salué l’attribution du prix Nobel de la paix à l’Union européenne (UE). Elle leur a permis, au moins pendant quelques jours, de se re-légitimer face à des opinions publiques de plus en plus eurosceptiques. Peine perdue : ces opinions sont largement restées indifférentes ou goguenardes, et parfois scandalisées, tant cette opération de communication leur paraissait à mille lieues de leur réalité vécue des politiques de l’UE. Et encore les médias ont-ils été relativement discrets sur (...)
Depuis le début des années 2000, la lutte sociale pour l’indépendance s’intensifie en Catalogne. Manifestations monstres, rejet du paternalisme fiscal imposé par le gouvernement de Mariano Rajoy et indifférence à l’Espagne sont au cœur d’une contestation croissante. Devant les récentes impasses avec le gouvernement central, le président catalan, Artur Mas, a annoncé des élections législatives anticipées pour le 25 novembre et proposé la tenue d’un référendum sur l’autodétermination, ce que Madrid conteste. Lutte sur fond de déboires économiques D’après un sondage du quotidien barcelonais La (...)

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